Philosophie et fractalité

Depuis que l’homme se pose des questions sur ses origines, sur la place qu’il occupe sur la terre et dans le cosmos, maintes suppositions ont été formulées, maintes explications échaudées.

Les civilisations antérieures ont laissé des traces marquantes, visuellement présentes - pierres dressées ou gravées, peintures rupestres ou temples bâtis, etc… - qui montrent à l’envi que l’homme a toujours tenté de percer l’énigme, de lui-même et de ce qui l’entoure.

Chamanes, sorciers, guérisseurs et autres magnétiseurs, ont été des médiums, des passeurs entre la nature et l’homme. Les philosophes qu’ils se nomment Leucippe, Démocrite, Aristote, Lucrèce, Gassendi, Descartes, Spinoza ou Hegel … - s’interrogent, débattent et cherchent, eux aussi, à situer l’ individu dans un environnement cosmogonique. (Certains parlent même d’atomisme). Quant aux physiciens-Gauss, Bohr, Planck, de Broglie, Heisenberg – ou aux mathématiciens- Poincaré, en particulier -, ils nous permettent, par l’apport de nouvelles connaissances, de comprendre que toutes les particules, dites élémentaires, qui s’agitent dans et autour de nous révèlent un monde d’ une réelle complexité. Benoit Mandelbrot, autre mathématicien, développe une géométrie inédite de la nature et du chaos- également abordée par Gleick -, dont les formes ainsi créées, très fragmentées et auto-similaires, seront appelées fractales. Son approche dévoile un univers structuré, du microcosme au macrocosme, et va révolutionner l’idée que l’on se faisait du monde, en permettant la synthèse entre les formes de pensées précédemment évoquées et cette fractalité.

Dans le sillage d’un tel apport théorique quelques artistes, en quête de savoirs et d’une meilleure appréhension du monde dans lequel ils vivent , vont essayer, au travers de leur recherche, de leur métier, de construire un art porteur d’ un nouveau sens. C’est ainsi que Jean Corrèze, l’un des pionniers de l’art fractal (fractalisme), s’ emploie à créer de nouvelles images – synthèses de pensées philosophiques, de règles mathématiques ou physiques – poussé qu’il est par la conviction qu’un monde, jugé jusqu’ici insondable, peut nous devenir soudain si proche, si familier.